L'express des steppes

Publié le par Marina (atelier cinéma) TL1

    L'Express des steppes est le quatrième long métrage d'Amanzhol Aiterrarov. Ce film kazakh raconte l'histoire de Saoulé, la fille d'un garde-voie, qui vit au milieu des steppes kazakhes. Le seul lien avec le monde extérieur est ce train et ses passagers qui passent dans la petite gare perdue. Par un malheureux hasard, Etienne, un jeune français, descend quelques minutes du train et celui-ci repart sans lui. Il est alors obligé de rester avec la jeune fille et son père. Très réticent au départ, il s'adapte peu à peu et retarde son départ. Une relation naît entre les deux jeunes héros et finalement Saoulé suivra Etienne en France, sans prévenir son père.
    Aizhan Aitenova, l'actrice jouant Saloué, est kazakhe. Mais comme elle est citadine*,  elle a dû s'habituer à la culture traditionnelle. En la voyant à l'écran, on constate une belle prestation. François Labbé, qui jouait Etienne, a lui aussi dû s'adapter à la culture kazakhe, n'ayant aucune expérience et formation d'acteur, il a avoué n'avoir pas essayé de jouer. Le résultat était assez bon mais la voix kazakhe en voix off, pour traduire son français, changeait sa manière d'être perçu par le spectateur. C'était agaçant et toutes les paroles n'étaient pas audibles.
    Le spectateur est totalement immergé dans l'univers kazakh. Les vêtements, l'alimentation, les coutumes... tout est différent de ce que les spectateurs connaissent. Les paysages sont absolument grandioses et nous intègrent dans un autre monde. On comprend vite pourquoi Etienne s'attache à cet endroit où tout est paisible et beau. Pourtant Saoulé ne rêve que de partir, elle rêve des pays occidentaux. Derrière sa tapisserie, près de son lit, elle a accroché de nombreuses photos de magazines européens et américains et elle rêve de ressembler à ces femmes. Alors que le spectateur voudrait ne plus jamais quitter les steppes, elle ne rêve que de partir.
    Alors certes, l'histoire des deux personnages pourrait être appelée une histoire d'amour, mais il s'agit plutôt d'une rencontre entre deux mondes et d'un désir mutuel. Etienne est l'élément qui incite Saoulé à partir mais il n'est pas la raison de son départ, c'est pourquoi elle épouse un autre homme, une fois en France. Son attitude retranscrit bien l'importance de la mondialisation, elle abandonne tout de suite un homme qui est presque un inconnu.
    Néanmoins son départ précépité est étrange. Pourquoi ne prévient-elle personne, pas même son père ? Ce père qui, lui, est plus que tout attaché à sa patrie. L'auteur qui jouait ce rôle était très talentueux et émouvant dans le rôle du père qui part à la recherche de son enfant. En chemin, il rencontre une jeune fille qui lui rappelle Saoulé et il réalise qu'elle aussi risque de se retrouver seule et sans argent, loin de chez elle. Saloué ne peut plus revenir en arrière, comme cette jeune fille, sûrement par honte, honte d'avouer qu'elle s'est trompée, qu'elle a échoué ou honte de ne pas vouloir rester dans son pays. Pourtant elle l'aime, mais elle ne veut plus y vivre. Elle ne reviendra qu'à la mort de son père, qui a en vain attendu son retour, avec son petit garçon, cet enfant qui retrouve le pays de ses ancêtres, qui s'y attache et refuse de le quitter. On suppose que cet  enfant reviendra dès qu'il aura grandi sur la terre de ses ancêtres, parce que du sang kazakh coule dans ses veines et que l'attachement au pays est fort.
Des paysages, des personnages et une découverte d'une autre culture magnifiques  dans un film magique.


* nous a-t-elle appris lors d'une interview exclusive après le film, entre le réalisateur aidé d'une interprète, les deux acteurs principaux, et le lycée Voltaire.

Publié dans Cinéma

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